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         J'en avais subi un seul en 1986. J'étais avec mon camarade Hassan B. qui me disait qu'il se trouvait des allures peu rassurantes et un physique très "typé" qu'il cultivait volontiers en se rasant très peu et en ayant un air négligé. J'en ai connu un autre seulement aujourd'hui, donc vingt ans plus tard. Les contrôles de police ne semblent pas tellement fréquents dans les rues de Paris. Pour les provoquer, il suffit de se trouver avec des personnes dont le quotidien est entièrement ponctué de ce type d'opérations. J'étais ce soir dans un café borgne tenu par un kabyle du côté du métro Anvers. On ne peut pas dire que je sois un habitué de ce type d'endroit. C'était le lieu de rendez-vous avec un ami chanteur qui voulait me présenter un écrivain avant que je l'invite à une émission de télévision autour de Slimane Azem. Un lieu de découvertes pour moi.

         A peine avions-nous commencé à évoquer la question, qu'une patrouille entière de police est rentrée avec la plus grande brutalité dans le café. Ils nous ont sommés de  nous lever puis de donner nos pièces d'identité. Ils étaient une quaranrtiane au moins. Les visages se sont vite crispés dans la salle et la peur se dégageait de certains d'entre eux. Tout de suite, le spectacle a commencé. C'était de l'absurde comme dans un sketch de Devos, voire une pièce d'Ionesco ou de Beckett. Nous nous sommes exécutés et la plupart des personnes présentes semblaient regarder leurs chaussures, surtout ceux dont les "papiers" d'identité n'était qu'un bout de papier avec une photo et une date de rendez-vous à la prefecture. Quelque chose de pas esthétiquement acceptable. C'était le cas de mon écrivain, venu d'Algérie depuis un an seulement. Les profils bas ne sont donc pas étonnants. C'est comme si un inconnu vous a surpris chez vous dans le plus simple appareil. On n'est pas très fier en général. Plus loin de moi, un marocain qui semblait ne pas avoir toutes ses facultés mentales et qui prétendait être infirmier à l'höpital Sainte-Anne et qu'il soignait des fous, se débattait parce que, disait-il à haute voix, il ne sentait pas respecté  par le policier qui l'interrogeait : " J'ai été mis à la porte par Hassan II et maintenant je suis traîté sans aucun égard en France alors même que mon père s'est battu pour ce pays !". Le patron du café, qui ne voulait pas de vagues, à coupé court en lui demandnat fermement  de s'exécuter en silence. Il a aussi essayé de raisonner un kabyle qui ne souhaitait pas éteindre son portable parce que sa femme était en train de l'appeler, ceci malgré la demande pressante d'un policier. Tout le monde ou presque se sentait petit.  J' ai fait remarquer à un  policier, pendant qu'il me fouillait au corps,  que c'etait la première fois que je voyais cela et que je ferais bien un article pour relater cet évenement. Il hésita un instant puis se sentit obligé, ayant aperçu ma cravate à rayures, de me montrer son ordre de mission. J'ai refusé gentiment de le regarder et me suis retourné vers un de ses collègues qui fouillait dans le sac de mon écrivain pour lui monter le livre qui y était en m'exclamant : "C'est lui qui l'a écrit, il vous intéresse ?". Le policier a montré alors un intérêt particulier au livre ce qui donna un caractère cocasse à la situation.     

        Il est très difficile de savoir si les actions et les réactions de ces policiers ne contenaient pas "un peu" de délit de faciès. Cet épisode me rappela néanmoins les ratonnades de l'armée française pendant la guerre d'Algérie ou dans les rues de Paris un certain 17 octobre 1961 à titre d'exemple. Les humiliés ayant toujours les mêmes traits sur leurs visages.

         Les choses ont donc si peu changé ?

 

 

 

           

 

Tag(s) : #général
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